cage

(Voyageur . la grand-mère)
Sidonie

«Bonjour madame Sidonie ! Il fait grand jour ! En plus, il fait beau ! Juste un léger crachin qui recouvre la plage mais qui disparaîtra dans la matinée.

Vous pourrez faire quand-même votre promenade matinale !

Mais tout d’abord, après avoir ouvert vos rideaux, votre petit déjeuner. Voilà !»
«Vous êtes bien aimable, Mademoiselle, le service de cet hôtel est vraiment parfait. Je suis arrivée hier soir, très tard, et aussitôt j’ai pu être restaurée, avoir cette chambre agréable qui m’attendait. Edgar, mon mari avait réservé cet hébergement, c’est vrai, mais tout de même, je suis vraiment gâtée ! Vous ai-je dit que mon mari allait me rejoindre aujourd’hui pour ce séjour impromptu en amoureux ? Une très, très longue histoire d’amour, figurez-vous, sans ombre et sans nuage, n’est-ce pas merveilleux ? Au fait, quel est votre nom ?»

«Solange, madame, je vous l’ai dit hier.»

«Ah oui ? Je ne m’en souviens pas. Mais il était si tard et j’étais véritablement épuisée. Et puis, ce voyage était si long, si fatiguant ! Enfin, me voilà reposée et en forme. Allons voir ce paysage… Mais c’est magnifique ! Une vue imprenable sur la mer et sur la plage ! Comme j’ai hâte d’aller m’y promener !»

«Mais d’abord, un solide petit déjeuner, et puis votre traitement, n’oubliez pas !»


«Vous avez la chance de votre jeunesse, Solange. Avec l’âge, viennent ces pilules multicolores, celle pour la tension, celle pour le cœur, celle-ci, celle-là, je ne me souviens même plus laquelle agit sur quoi, il y en a trop ! Enfin je vous remercie infiniment de me les avoir préparées.»


«J’ai l’habitude, Madame.»


Sidonie va se promener sur une plage déserte et un peu froide en cette fin d’hiver. Elle chantonne et ramasse des coquillages. Elle aspire goulûment cet air marin. Elle est heureuse. Comment s’appelle ce village, au fait ? Elle s’est laissée emmener là, confiante, par cet homme qui va venir la rejoindre, Henri, son amant merveilleux. Ah, Henri ! … Une heure et demi à marcher sur cette plage, dans cette bruine et ce vent vivifiant, Sidonie se sent un peu fatiguée et décide de rentrer.


«Bonjour tout le monde ! Je suis arrivée hier soir, très tard, et je viens de faire une promenade très agréable. Il ne fait pas trop froid et je vous conseille vivement d’en faire autant. Martine ! Martine ! Est-ce que mon ami Henri est arrivé ?»


«Solange, Madame. Solange, pas Martine. Non, personne n’est arrivé pour vous.»


«Ah oui ! Solange, excusez-moi. Donc, Henri n’est pas arrivé. Je suis impatiente et excitée comme une collégienne ! Figurez-vous que nous sommes en pleine aventure, en pleine escapade ! Henri n’est pas mon mari, vous savez. Mais chut ! C’est un homme fantastique. Tellement doux et prévenant»


«Vous avez le temps d’aller vous reposer un peu avant le déjeuner, ça vous ferait vraiment du bien. Je vous préviendrais pour le déjeuner.»

Sidonie remonte dans sa chambre, elle pense à Norbert, son frère, qui a réservé cette chambre et qui doit venir la rejoindre aujourd’hui. Va-t-elle faire un somme ? Va-t-elle lire un peu ? Finalement, elle s’endort. Elle est réveillée par Solange qui lui annonce qu’elle peut descendre déjeuner quand elle le désire.

«Ce petit somme m’a fait un bien fou. J’arrive tout de suite, Annie. Au fait, est-ce que Edgar, mon mari est arrivé ? Il m’a déposé là et m’a promis de me rejoindre.»


«Solange, Madame. Et personne n’est arrivé pour vous.»


«Oh, Annie ! Excusez-moi de nouveau. Je n’ai vraiment pas la mémoire des prénoms.»


«Solange, Madame.»

Le repas se compose de poisson en filets, garni de petits légumes. Auparavant, des «Oeufs Mimosa» ont été servis avec le traitement habituel de Sidonie. Comme dessert, il y a de la salade de fruits. Sidonie va ensuite s’installer dans une chaise longue, devant la baie vitrée pour profiter un peu du maigre soleil d’hiver. Et s’endort à nouveau.

«S’il vous plaît, Régine, est ce que mon frère Norbert est arrivé. Parce que, voyez-vous, il doit venir me rejoindre aujourd’hui. Il m’a déposé ici très tard, hier soir mais il a du repartir aussitôt pour ses affaires, Alors, je l’attends. Il est vraiment très gentil, vous savez.»


«Solange, Madame. Et personne n’est arrivé pour vous.»


«Tiens, je vais aller me promener un peu du coté du village.»


«Le village est très loin, Madame. Retournez plutôt sur la plage ou alors dans le parc…»


«Bon, va pour le parc. Mais prévenez-moi dès que Simon est arrivé»


«Simon ?»


«Oui, Simon, mon ami. Celui qui m’a déposé ici hier soir, très tard (puis, sur un ton de confidence) en fait, c’est mon amant. Un homme délicieux, charmant. Vous rendez-vous compte, Juliette, à mon âge ! J’attends mon amant pour un rendez-vous secret. Hi, hi, hi !»


«Solange, Madame.»

Sidonie reste un bon moment, assise sur un banc du parc, puis elle se lasse. De toutes façons, le temps se gâte. De grosses gouttes tiédasses s’écrasent maintenant sur la poussière des allées. Vite, Sidonie retourne à l’hôtel.

«Me voilà toute mouillée, je dois aller me changer. Au fait, Nadine, Edgar, mon mari, n’est pas arrivé ? Il se fait tard et j’aimerais bien qu’il soit là. Remarquez, il a tellement d’occupation avec ses affaires…»


«Solange, Madame. Et, personne n’est arrivé pour vous.»


«Je prendrais bien un thé avec quelques biscuits. Camille, pouvez-vous, je vous prie, me monter ça dans ma chambre ?»

Quand Solange arrive dans la chambre, Sidonie est endormie. Solange dépose les biscuits et le thé sachant qu’il va, de toutes façons, refroidir, puis elle ressort silencieusement. Sidonie continue son somme puis se réveille voluptueusement. Elle reste à paresser dans son lit. Elle se sent bien. Elle se dit que Henri, son amant merveilleux, doit l’attendre en bas, que cette escapade est vraiment exquise. Il y a du thé froid et des biscuits sur sa table de nuit. Que font-il là ? Ce n’est pas pour elle, elle à horreur de ça. Oh, mais il est déjà dix neuf heures trente ! Norbert doit vraiment s’impatienter.

«Voilà, voilà, je descends ! Dites-moi Suzanne, est-ce que Norbert, mon frère, m’attend depuis longtemps ?»


«Solange, Madame. Non, personne n’est arrivé pour vous.»


«Ah ! Béatrice, voilà qui est bien contrariant. Va-t-il arriver à temps pour le dîner ?»


«Votre dîner est servi, Madame.»

Le repas consiste en un potage accompagné des médicaments, suivi d’une salade composée et de fromages. Sidonie mange silencieusement, contrariée. Mais elle retrouve vite sa bonne humeur. Elle rêve un peu à table, puis décide qu’après tout, Simon arrivera demain. Le cher homme, tellement débordé par ses préoccupations professionnelles. Elle décide d’aller se coucher. Elle passe une excellente nuit en rêvant à Henri, son amant merveilleux.

«Madame Sidonie ! Bonjour ! Il faut vous lever ! Il fait beau, aujourd’hui, vous pourrez faire votre promenade. Voilà votre petit déjeuner : du thé et des biscuits.»


«Vous êtes bien aimable, Mademoiselle, le service est vraiment parfait, ici. Je suis arrivée hier soir, très tard, et malgré tout, j’ai pu manger, avoir la chambre agréable qui m’était réservée. Mon frère avait retenu cette chambre pour moi, c’est vrai, mais je suis vraiment gâtée. Il va me rejoindre aujourd’hui pour ce séjour-surprise. Je me sens vraiment bien ici. Au fait, quel est votre nom ?»


«Solange, Madame.»

Cette histoire m’a été rapportée par Lucien qui m’a confié un vêtement. Un des corsages de Sidonie. Il l’a rencontrée au bord de la mer, dans une grande maison, avec un parc, mais il ne se souvient plus ni où, ni quand.

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