Elle
s'appelle Samantha Defumiey (ne riez pas !
Personne ne peut décider ni de son patronyme, ni de
l'impardonnablelégèreté
de ses parents quant au choix de son prénom), troisième
enfant d’une famille qui en compte six. Deux filles, Sue-Helen
(15 ans) et Samantha (14 ans); quatre garçons, Johnny (16
ans), Brian (12 ans), Bruce (10 ans) et Ken
(5 ans).
Le
soir même, Samantha se retrouve en transe, elle se met à
parler en latin, en grec ancien et en araméen (sans les
connaître et sans même les comprendre, Johnny a reconnu
ces langues). Leur père, c’est Didier, un peu poivrot,
chômeur en fin de droit, fan de Johnny Halliday
et de foot, très con, violent, raciste. Leur mère,
c’est Maryline, obèse, sale,
complètement alcoolo et attardée mentale. Cette famille
est isolée, oubliée des voisins, exclue du monde.
Durant
les 18 apparitions, les jours et les mois suivants, aucune foule
n'accompagnera Samantha, aucun pèlerin ne viendra, ni à
pied, ni en vélo, ni autrement, des communes voisines ou
d'autre part. Seul, Johnny sera toujours présent. La crypte
demandée inlassablement par la Vierge ne sera jamais faite.
Cet endroit sera vendu à des promoteurs pour y construire des
logements de standing. Pas de pèlerinage, pas de malades. Une
«Basilique» ? Recouvrant une «crypte» ?
Et non. Des bulldozers, et puis voilà ! Tout mis par
terre ! Le clergé n'est même pas au courant.
La
ville de Hellemmes n'est certainement pas le seul site où la
Vierge soit apparue et qui n'avait pas un assez bon climat pour le
tourisme.
Une
autre visitée, célèbre elle, illettrée
et pauvre bergère, a beaucoup mieux fait l'affaire que
Samantha, sous-alimentée, moche et en échec scolaire ;
et puis le sud-ouest, le soleil, le cassoulet, le foie gras, le
confit, l'accent... C'est quand même mieux que Hellemmes !
Hellemmes, ses chômeur, ses friches industrielles, ses magasins
de hard discount, sa pluie 250 jours par
an. Il faut bien le dire, il y a quand même des situations de
pauvres qui présentent mieux que d'autres.
Jeudi
11 février 2003 : la rencontre
Accompagnée
de ses frères et d'une amie, Samantha se rend au Kébab,
rue Roger Salengro à Hellemmes, pour acheter des frites.
Comptant ses sous pour savoir si elle va prendre une moyenne ou une
petite frite, elle entend un bruit qui ressemble à un coup de
vent, elle s'élance en courant vers l'usine Mosley :
«J'APERÇUS UNE DAME VÊTUE DE BLANC : ELLE PORTAIT
UNE ROBE BLANCHE, UN VOILE BLANC ÉGALEMENT, UNE CEINTURE BLEUE
ET UNE ROSE JAUNE SUR CHAQUE PIED.» Elle fait le signe de la
Croix et récite le chapelet avec la Dame. La prière
terminée, la Dame disparaît brusquement. Auparavant,
elle ignorait totalement ce que signifiait faire le signe de la
Croix ! Et réciter le chapelet ! Et même ce
que c'était que dire une prière ! Ce soir
là, il émane d’elle une lueur mystérieuse,
elle lévite. Dans la chambres des enfants, elle semble
s’adresser à une présence à l’autre bout de
la pièce et recevoir des réponses. Tout ça dans une langue inconnue de son entourage. Son père, la
surprenant, va la corriger à coup de ceinture, il va lui
demander où elle a appris à parler arabe, lui reprocher d’avoir
mis la télé en panne avec ses conneries, de sûrement
fumer du haschich en cachette et, «à
14 ans, de se faire sauter par des bougnoules !
Et gratuitement, en plus ! Salope !».
Dimanche
14 février : l'eau bénite
Samantha
ressent une force intérieure qui la pousse à retourner encore et encore
dans cette salle très polluée de l'usine Mosley malgré
l'interdiction (et les coups) de ses parents. Sur son insistance, sa
mère l'y «autorise», en réalité,
elle s'est endormie, bourrée dès 10 heures du matin
pendant que son père est parti faire son tiercé au
tabac d'à coté ; après la première
dizaine de chapelet, elle voit apparaître la même Dame.
Elle lui jette de «l'eau bénite», du coca en fait.
La Dame sourit et incline la tête. La prière du chapelet
terminée, elle disparaît comme ça. Pouf !...
Jeudi
18 février : la Dame parle
Pour
la première fois, la Dame parle. Samantha lui donne un carnet
et un stylo et lui demande d'écrire son nom. Elle lui dit:
«Ce n'est pas nécessaire.», et elle ajoute : «Je
ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans
l'autre. Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant
quinze jours ?»
Vendredi
19 février : apparition brève et silencieuse
Samantha
se rend dans l'atelier de filature qui sens mauvais avec un briquet
allumé. C'est de ce geste qu'est née la coutume de
porter des briquets et de les allumer à la fin des concerts de
rock&roll.
Samedi
20 février : dans le silence
La
Dame lui a appris une prière personnelle. A la fin de la
vision, une grande tristesse envahit Samantha.
Dimanche
21 février : «Aquero»
La
Dame se présente à Samantha le matin de bonne heure.
Johnny l'accompagne, caché. Elle est ensuite interrogée
par une patrouille de police prévenue par des voisin. On veut
lui faire dire ce qu'elle a vu. Samantha ne parle que d'«AQUERO»
(cela) ; «l'apéro ?
C'est trop tôt, quand même !» Les policiers la
ramène chez elle. Elle se prend une nouvelle branlée
par son père.
Mardi
23 février : le secret
Toujours
suivie de loin par Johnny, Samantha se rend à l'usine Mosley.
L'Apparition lui révèle un
secret «RIEN QUE POUR ELLE».
Mercredi
24 février : Pénitence !
Message
de la Dame : «Pénitence ! Pénitence !
Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs ! Allez
baiser la terre en pénitence pour les pécheurs !»
Jeudi
25 février : la source
Johnny,
qui ne sait plus où il en est, l'écoute.
Samantha
raconte : «ELLE ME DIT D'ALLER BOIRE DANS LA GROSSE FLAQUE (…)
JE NE TROUVAI QU'UN PEU D'EAU VASEUSE, AVEC UN GENRE DE DÉPÔT
VERT-VIOLET. AU QUATRIÈME ESSAI JE PUS BOIRE SANS VOMIR. ELLE
ME FIT ÉGALEMENT MANGER DE LA MOUSSE QUI SE TROUVAIT PRÈS
DE LA FLAQUE PUIS LA VISION DISPARUT ET JE M'EN ALLAI.» A
Johnny qui lui dit : «Sais-tu qu'on te croit folle de
faire des choses pareilles ?» Elle répond
seulement: «C'EST POUR LES PÊCHEURS. JE NE SAIS PAS
VRAIMENT CE QU'ILS ONT FAIT MAIS ÇA A L'AIR ASSEZ GRAVE...
ELLE M'A DIT AUSSI, QU'UNE SOURCE DANS CE COIN, C'ÉTAIT ASSEZ
INUTILE (?) J'AI PAS COMPRIS»
Samedi
27 février : silence
Johnny
est là. L'Apparition est silencieuse. Samantha boit l'eau de
la flaque et accomplit les gestes habituels de pénitence.
Dimanche
28 février : pénitence
Johnny,
même plus caché, assiste à l'extase. Samantha
prie, baise la terre et rampe sur les genoux en signe de pénitence.
Ils sont ensuite embarqués par les flics re-prévenus
par les voisins, puis ramenés chez leurs parents. Nouvelles
dégelées à coups de ceinturon.
Lundi
1er mars : premier miracle
Dans
la nuit,
Johnny se
rend à l'usine, il trempe sa bite dans l'eau de la flaque et
sens disparaître sa «chaude-pisse».
Mardi
2 mars : message aux prêtres
La
Dame lui demande : «Allez dire aux prêtres qu'on vienne
ici en procession et qu'on y bâtisse une chapelle.»
Samantha décide d'en parler à l'abbé machin
(Johnny ne se souvient plus de son nom), curé de l'église Notre Dame de Lourdes, à
Hellemmes. Celui-ci ne veut savoir que de deux choses l'une : ou elle
a pris des substances illicites ou est-ce que vraiment, elle le prend
pour un con.
Mercredi
3 mars : un sourire
Dès
6 heures le matin, en présence de trois mille
personnes... (Non, elle rêvait). À
7 heures le matin, avec Johnny qui la suit, Samantha se rend à
l'usine Mosley, mais la vision n'apparaît pas ! Après
le collège, elle entend l'invitation intérieure de la
Dame. Elle se rend dans l'usine et lui redemande son nom. La réponse
est un sourire. Le curé machin, dérangé à
nouveau, lui redit : «Si c'est une baffe que tu veux, il faut
le dire tout de suite !».
Jeudi
4 mars : le jour le plus attendu
La
foule continue de s'en foutre. On attend un miracle à la fin
de cette quinzaine. La vision est silencieuse. Le curé machin
campe sur sa position et prévient ses
parents. Pendant 20 jours, Samantha ne va plus se rendre à
l'usine, elle est enfermée dans sa chambre, au pain sec et à
l'eau.
Jeudi
25 mars : le nom que l'on attendait
Tard,
dans la nuit, elle se rend, dans un état second, à
l’usine Mosley fermée et abandonnée depuis longtemps.
Son grand frère Johnny la suit. Il la retrouve dans une
lumière irréelle, dans cet ancien atelier de filature,
au milieu des déchets, des bobines de fil et des tissus
moisis.
La
vision révèle enfin son nom. Samantha raconte : «ELLE
LEVA LES YEUX AU CIEL, JOIGNANT EN SIGNE DE PRIÈRE SES MAINS
QUI ÉTAIENT TENDUES ET OUVERTES VERS LA TERRE, ET ME DIT :
«CH'EST MI, CHEULE SAINTE VIERCHE, L'IMMACULÉE
CONCHEPTION».
ELLE, FAIT APPARAÎTRE MIRACULEUSEMENT UNE PIÈCE D'ÉTOFFE
AURÉOLÉE DE GLOIRE ET DE LUMIÈRE ET ME L'OFFRE. JE LAISSE CET OBJET EN CE SAINT LIEU CAR C'EST PAR LUI QU'IL SERA CONSACRÉ»
Une
voix surhumaine sortie d’on ne sait où, lui parle dans des
langages inconnus qu'elle comprend puisqu’elle répond.
Johnny ne comprend pas ce qui est dit. Il
est, cependant, capable de reconnaître les langues utilisées
dont il n'a pourtant jamais entendu parler. Elle lui parle en latin,
en grec ancien, en araméen, et en chti
aussi ! Un morceau de tissus apparaît entouré d’une
lumière irréelle. On distingue le portrait d’un homme
sur cette toile. La voix lui parle. Samantha répond. Puis, la
jeune voyante part en courant, en laissant là ce tissus
miraculeux qui reste lumineux encore longtemps après. Elle
répète sans cesse, sur son chemin, des mots qu'elle ne
comprend pas. Le brave curé machin ne comprend pas le chti ;
ni l'araméen, ni le grec ancien ; un tout petit peu le
latin, mais pas avec l'accent du nord. Et puis, de toutes façons,
il n'est pas là. Samantha ignorait cette expression
théologique qui désigne la Sainte Vierge. Cent quarante
neuf ans plus tôt, en 1854, le pape
Pie IX en avait fait une vérité
de la foi catholique (dogme).
Et
puis il y a cette toile !
Mercredi
7 avril : le miracle du briquet
Pendant
cette Apparition, Samantha tient son briquet allumé. Elle tourne la molette de gaz à fond et met sa main dans la flamme sans ressentir de douleur ! La flamme
entoure longuement sa main sans la brûler. Ce fait passe
totalement inaperçu.
Jeudi
16 juillet : dernière Apparition
Samantha
ressent le mystérieux appel de Mosley, mais son accès
est interdit et fermé par un rassemblement de grosses
voitures. Celles des officiels ,et des promoteurs. Elle se rend donc
en face, sur l'autre trottoir. «IL ME SEMBLAIT QUE J'ÉTAIS
DANS LA SALLE DE BÉTON, À LA MÊME DISTANCE QUE
LES AUTRES FOIS, JE VOYAIS SEULEMENT LA VIERGE, JAMAIS JE NE L'AI VUE
AUSSI BELLE !»
Le
lendemain, elle est en état de choc, elle ne peut plus parler.
Johnny, si, mais personne ne voudra le croire... Samantha, devenue
encore plus maigre, va transmettre aux infirmières, qui
n'entendaient que délire verbal, le «message» en
chti et dans les autres langues, vainement et pendant trois mois.
Elle est maintenant maintenant totalement muette. Johnny est
considéré comme un mythomane traumatisé par des
maltraitances répétées.
«Je suis le témoin» répète-t-il,
«Personne ne veut écouter les paroles que ma soeur avait
à délivrer au monde ! Repentez vous ! Vous
allez tous crever, bandes de cons !». Une assistante
sociale, bientôt suivie d'un juge, entendant les histoires
racontées par Johnny et en voyant les traces de coups sur le
corps de Samantha, en constatant son mutisme complet, soupçonnant
des viols incestueux et multiples, va placer tous les enfants dans
des familles d’accueil et les éloigner de Hellemmes. Ses
parents sont inculpés et en prison. Ils pourraient être
poursuivis pour mauvais traitements et pédophilie.
Jour
après jour... avec Samantha
9
avril – Samantha et la presse
-
Le
fait : D'avril à octobre, de nombreuses conférences
de presse auraient pu être organisées dans l'usine pour
informer les journalistes sur l'actualité des pèlerinages.
Mais tout le monde s'en fout !...
-
Le
commentaire : Si l'ouvrage «Samantha vous parle»
avait été rédigé, il aurait mentionné
la date qui aurait pu être celle de la première
«conférence de presse» de Samantha : le 28
juillet 2003. Ce jour-là, elle aurait pu répondre aux
questions d'un certain Jules-César Muraziolle,
un obscur pigiste, au nom trop invraisemblable pour exister
vraiment. Cette «conférence de presse» n'aurait
d'ailleurs jamais eu lieu. Il aurait pu dire de sa rencontre avec
Samantha : «C'est une ignorante. Mais elle vaut mieux que moi.
Je suis un misérable !».
-
Qu'aurais-tu
dit, Samantha ? Tu aurais simplement souri en regardant tes
vêtements d'indigente quand Jules-César Muraziolle,
dans son beau costume, t'aurais demandé si «quelques
personnes charitables s'occuperont un jour de (ton) sort ?».
8
mars - Samantha et la sainteté
-
Le
fait : Je ne peux m'empêcher d'évoquer aujourd'hui
la statue en carton qui représente Samantha dans son habit de
tous les jours, cette fameuse statue inconnue
des pèlerins, faite par on ne sait qui, et stockée
dans le jardin abandonné des Defumiey, très loin de
«l'Accueil Jean-Paul II». Car
un détail attire mon regard et je ne veux pas manquer de le
souligner : Samantha a les yeux levés vers le ciel. Et il
pleut.
-
Le
commentaire : L'important n'est pas de contempler Samantha pour
elle-même, mais de comprendre qu'elle nous indique un chemin.
A Hellemmes, notre route mariale est un chemin vers Dieu.
-
Qu'as-tu
dit Samantha ? «On dit qu'il y a des saints qui ne sont
pas allés tout droit au Ciel parce qu'ils ne l'avaient pas
assez désiré. Pour moi, ce ne serait, plutôt pas
mon cas... Mais c'est pas gagné». (confidence à
Johnny)
Johnny
1er
mars - Samantha et «le débarras qui sens l'urine».
-
Le
fait : Je me recueille dans cette salle aveugle, tout en béton.
Située sur la gauche après avoir franchi les barbelés
qui interdisent l'entrée de cette usine abandonnée,
cet ancien atelier de filature qui pue la pisse, aurait pu être
la toute première chapelle imaginée dans le sanctuaire
pour répondre concrètement à la demande de la
Vierge Marie. Ça aurait fait une belle salle, une fois
nettoyée. Une superbe salle de répétition
aussi, pour des groupes musicaux bruyants ; même pas besoin
d'insonoriser ! J'aime
particulièrement cette endroit. Il a été
transformé en dépotoir, c'est vrai, mais il reste
chargée d'histoire. Surtout que Samantha elle-même y
est venue.
-
Le
commentaire (délire éthylique
de Johnny): Le jour de l'inauguration, Samantha est dans les rangs
des Enfants de Marie dont elle a revêtu l'habit pour mieux se
cacher. Mais la foule fait pression pour la voir car elle sait
qu'elle est venue. La reconnaissant bientôt, des voix
l'interpellent : «Oh ! quelle jolie sainte !», «La
jolie Vierge !», «Qu'elle est heureuse !».
Jusqu'au soir, à l'hospice de Hellemmes où elle est
hébergée, Samantha est réclamée par la
foule des curieux. Ils veulent la toucher ou lui présenter
des images à toucher...
-
Qu'as-tu
dit Samantha ? «Qu'ils aillent tous se faire foutre !».
(témoignage d'une infirmière, rapporté par
Johnny)
Johnny
Reconnaissance
officielle des apparitions par l'Église
Johnny,
complètement défoncé à la bière,
braille sur le parking de Penny Market :
«Nous jugeons que l'Immaculée
Marie, Mère de Dieu, a réellement apparu à
Samantha, le 11 février 2003 et les jours suivants, au nombre
de dix-huit fois, dans une salle pourrie de l'ancienne usine Mosley,
à Hellemmes ; que cette apparition revêt tous les
caractères de la vérité, et que les fidèles
sont fondés à la croire certaine. Nous ne soumettrons
même pas notre jugement au Jugement du Souverain Pontife, qu'il
s'étouffe dans ses dorures et dans sa merde ! Vous allez
tous crever, bande de cons ! Allez bouffer du plutonium en
enfer !».
LE
TÉMOIGNAGE DE SAMANTHA
Le
premier argument de Johnny est que Samantha n'a pas voulu tromper :
elle est sincère et son témoignage présente
toutes les garanties que nous pouvons désirer. «Qui
n'admire, en l'approchant, la simplicité, la candeur, la
modestie de cette enfant ? Elle ne parle que quand on l'interroge ;
alors elle raconte tout sans affectation, avec une ingénuité
touchante, et, aux nombreuses questions qu'on lui adresse, elle fait,
sans hésiter, des réponses nettes, précises,
pleines d'à propos, empreintes d'une forte conviction».
Et Johnny de souligner que Samantha n'a été ni ébranlée
par les menaces et les baffes, et pourtant... «Toujours
d'accord avec elle-même, elle a, dans les différentes
interrogations qu'on lui a fait subir, constamment maintenu ce
qu'elle avait dit, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher. La
sincérité de Samantha est donc incontestable».
Mais Johnny va plus loin dans son argumentation : sincère,
Samantha ne s'est pas trompée : «Mais si
Samantha n'a pas voulu tromper, ne s'est-elle pas trompée
elle-même ? N'a-t-elle pas cru voir et entendre ce qu'elle
n'a point vu et entendu ? N'a-t-elle pas été
victime d'une hallucination ? Comment pourrions-nous la croire ?
La sagesse de ses réponses révèle dans cette
enfant un esprit droit, une imagination calme, un bon sens au-dessus
de son âge. Le sentiment religieux n'a jamais présenté
en elle un caractère d'exaltation ; on n'a constaté
chez la jeune fille ni désordre intellectuel, ni altération
des sens, ni bizarrerie de caractère, ni affection morbide qui
aient pu la disposer à des créations imaginaires».
Et
Johnny d'ajouter que Samantha a vu, non pas une fois, mais 18 fois,
subitement, alors que rien ne l'y préparait et que d'autres
fois où elle s'y attendait, elle n'a rien vu. Il note que son
expression changeait durant les Apparitions et qu'elle entendait
alors un langage qu'elle ne comprenait pas toujours, mais dont elle
conservait le souvenir: «Ces circonstances réunies ne
permettent pas de croire à une hallucination ; ma soeur a donc
réellement vu et entendu un être se disant l'Immaculée
Conception ; et ce phénomène ne pouvant
s'expliquer naturellement, nous sommes fondés à croire
que l'apparition est surnaturelle. Et puis, de toutes façons,
j'étais là à chaque fois !».
LES
MERVEILLES DE LA GRACE
En
complément du témoignage de Samantha, Johnny évoque
les «faits merveilleux qui se sont accomplis depuis le
premier événement. Si l'on doit juger l'arbre par ses
fruits, nous pouvons dire que l'apparition racontée par la
jeune fille est surnaturelle et divine ; car elle a produit des
effets surnaturels et divins. Si l'on peut considérer
comme divin d'être sous neuroleptiques, placée en
famille d'accueil et d'avoir ses parents en prison».
Johnny
rappelle la foule grandissante et recueillie qui n'en a rien à
foutre.
Après
les merveilles opérées «pour le bien des
âmes», Johnny passe aux effets produits en ce qui
concerne la santé des corps, notamment chez les malades qui,
après avoir vu Samantha boire et se laver dans le lieu désigné
par l'Apparition, se demandaient si ce
n'était pas l'indication d'une vertu surnaturelle descendue
sur cette flaque d'eau douteuse. «Dans cette pensée,
Johnny essaya de l'eau de la flaque, et ce ne fut pas sans succès ;
Johnny avait une blennorragie et un
naevus pileux sur la joue et qui le défigurait ;
après avoir bu l'eau, il n'avait plus que son naevus
pileux»
LE
JUGEMENT DE JOHNNY
Et
Johnny de conclure : «Il y a donc une liaison étroite
entre les guérisons et l'apparition ; l'apparition est
divine, puisque les guérisons portent un cachet divin. Mais ce
qui vient de Dieu est vérité ! Par conséquent,
l'Apparition se disant l'Immaculée Conception, ce que Samantha
a vu et entendu, c'est la Très Sainte Vierge !
Écrions-nous donc : le doigt de Dieu est ici !
Profond !». Et Johnny, faisant allusion à la
proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX à
la fin de l'année 1854 (comment Johnny a-t-il eu accès
à ce genre d'érudition «achilletalonesque» ?),
de s'exclamer : «Et voilà qu'environ
cent cinquante ans après, la Sainte Vierge, apparaissant à
une enfant, lui dit : «Je suis l'Immaculée Conception...
Je veux qu'on élève ici une chapelle en mon honneur».
Ne semble-t-elle pas vouloir consacrer par un monument l'oracle
infaillible du successeur de Saint-Pierre ?».
LES
APPARITIONS DANS L'ÉGLISE
Cette
ignorance de l'Église est un ratage
complet car les Apparitions n'ajoutent ni ne retirent rien au credo
ni à l'Évangile : elles en sont un rappel pour une
époque qui a tendance à les oublier, comme une
Visitation prophétique à notre monde. Dieu ne nous
centre pas sur le merveilleux ou l'extraordinaire : par les
apparitions il nous fait signe pour que nous revenions à
l'Évangile qui est la Parole de son Fils, la Parole de Vie. La
conformité du message à l'Évangile,
l'authenticité de la vie du témoin, les fruits de
sainteté qui en découlent pour le peuple de Dieu :
tels sont les critères d'authenticité d'une Apparition
dans l'Église.
A
Hellemmes, l'Église avait sûrement
d'autre chose à faire.
C’est
Johnny, devenu vaguement clochard, qui raconte. Deux ans après
ces évènements, devenu majeur, il est revenu sur les
lieux de son enfance, sur les lieux du «miracle», de la
révélation. C'est lui qui a écrit une partie des
textes ci-dessus. D'autres ont été retranscrit
par moi, parfois sous sa dictée. Il s'est mis à
boire inconsidérément. Après ma rencontre avec
Johnny, me rendant sur les lieux, je trouve, traînant dans une
flaque, un carré de toile tout sale, un torchon ?
Après un passage à la machine à laver, il
reste sur ce tissu des traces suggérant un visage
masculin !...
Ce cadeau semblerait être la vraie sainte relique de la «Sainte Face»
abandonnée sur le sol de cette salle très polluée de l'usine Mosley !
! Samantha
– Véronique !
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