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LES AUTRES FAMILLES
DE PORTRAITS LITTÉRAIRES


les Toutpourmagueule



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Le fils
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Perpétuellement en train de renifler. La flemme de se moucher. Il porte des lunettes. Il a la peau très grasse, les pores dilatées, des grandes dents. Il est vraiment très laid mais sa maman lui a tant dit qu’il était le plus beau du monde, qu’il a fini par le croire. Un jour, quand il était enfant, il devait avoir six ou sept ans, son institutrice avait demandé, que le soir de Noël, un soulier de plus soit placé devant la cheminé pour recueillir des friandises supplémentaires destinées aux «enfants pauvres», ça se passait au début des années 50. Le petit, pas encore gros et futur vieux con s’était levé avant tout le monde, avait transvasé tout ce qu’il y avait dans la chaussure du pauvre dans la sienne et était reparti se coucher. Une fois tout le monde debout, il avait déclaré le plus sérieusement du monde que le Père Noël n’était pas vraiment gentil puisqu’il n’avait rien apporté au petit pauvre. Cette espièglerie fit bien rire sa maman, elle s’attendrit et coula sa larme devant la touchante naïveté de ce petit chéri qui croyait encore si fort au Père Noël. Adulte, il a épousé une fille un peu godiche, un peu crétine, qu’il a trompée presque tout de suite en ramenant ses maîtresses à la maison. Il s’est débrouillé pour que sa femme soit séduite, engrossée et plaquée par un de ses copains. Ce qui lui permit d’obtenir un divorce pour faute sans pension alimentaire à verser. Crétin extrême, il a cependant réussi à se constituer une situation assez confortable dans la fourniture pour bars, en dénigrant, en trichant, en flagornant, en se couchant, en écrasant, en méprisant.















La fille

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Son père se dit psychanalyste (?), thérapeute de groupe, «comportementaliste», très cher et pas remboursé par la Sécurité sociale, gourou, n’ayant aucun scrupule à rendre totalement dépendant de sa cuisine psycho-machin les esprits affaiblis et à les culpabiliser. Très riche, bien-sûr. Toute la famille est comme ça. Ils sont tous riches, propriétaires, héritiers, possédants. Sa fille habite avec son mari et ses deux filles dans un très grand appartement, dans une des rues les plus chères au Monopoly. Cet appartement appartient à sa grand-mère. Qui lui loue, il ne faut pas mélanger la famille et le pognon. Elle s’est déclarée décoratrice. Elle se fait payer très cher. Elle peut se servir du carnet d’adresses familial. Et puis ses voisins ont aussi plein de fric à dépenser. Son appartement, très haut de plafond, a été décoré par elle bien-sûr, dans un style gothiquo-saint-Sulpicien-Figaro-Madame. En gros, c’est très moche, terrifiant même. Elle a eu plusieurs jeunes filles au pair, virées régulièrement parce que d’un esprit vieillot, presque fonctionnaire ; elles auraient voulu être payées par exemple. Elle est grande, frisée, avec un nez énorme et les bajoues qui vont avec. Elle a un gros derrière aussi. Mais il ne faut pas s’étendre trop sur l’aspect physique. Il y a des gens très sympathiques qui ont aussi cette apparence là.
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Le père

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Un sourire de magazine plaqué sur un visage plein et bronzé. Riche, «risquophile», chef d’entreprises assemblées en poupées russes. Ses boites sont en redressement judiciaire. Les salaires des employés, méprisables «risquophobes» payés au SMIC, pas augmentés depuis dix ans, ne possédant rien et bientôt virés, sont payés par le «Fonds National de Garantie des Salaires». Lui, le «risquophile», pas gêné le moins du monde sur ses nombreux comptes en banque, avec autant de prête-nom, revenant d’un voyage en Thaïlande, entre deux restaurants, a trouvé le temps de demander à un de ses experts comptables de déplacer certains fonds sur plusieurs comptes suisses. Très riche. Ses entreprises sont mises en faillite (organisée ?), les employés, «fonctionnaires» (beurk !) refoulés et frileux, « risquophobes » toujours, vont simplement être mis à la porte avec deux mois de salaire. Cultivé ? Il ne lit jamais ; pas de temps à perdre ! Le temps, c’est du pognon. Il ne regarde que la télévision, et encore, que «TF1», et encore que les jeux parce que les fictions, le journal ou les documentaires...Pff ! C’est prise de tête et compagnie ! Parfois des cassettes de dessins animés de Walt Disney. Très, très riche. Une légère surcharge pondérale - les repas d’affaire... Heureusement qu’il y a la Thalasso - deux ou trois maîtresses, les restaurants, le golf ou le tennis, la prise de risques, toujours (et si la Suisse se transformait en soviet ?). Les immenses soucis de la race des gagneurs, gagneurs et héritiers depuis trois générations au moins, le même sourire éclatant que celui que son papa avait pour les nazis pendant la dernière guerre. Ils sont la fierté de la France. L’élite ! Intelligent ? Non. Très, très, très riche.
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La mère

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Elle est «Chargée des Relations publiques», pour une société internationale de cosmétiques. Cadre très supérieur, donc. Elle a besoin qu’un maquettiste lui conçoive régulièrement des documents à usage interne ; souvent, des cahiers de consignes, de manières de faire, de parler des produits, des façons de se comporter face aux clientes potentielles selon leurs profils listées également dans les cahiers. Elle est souvent en déplacement. Elle a toute une batterie de subalternes serviles, mais elle tient à s’occuper elle-même du contenu et de la présentation de ces documents. Alors elle envoie par fax des bouts de papier mal griffonnés ou des montages assemblés de travers où l’on devine une exigence et des instructions précises mais écrites avec les pieds. Un délai est précisé : quelques heures. Généralement, le maquettiste n’y comprend que peu de chose et appelle la société de cosmétique pour avoir des détails au prétexte que le fax est mal passé. En général il obtient une communication avec la secrétaire de cette dame. Elle a à faire à ce maquettiste depuis plusieurs années et elle sait, elle attend à chaque commande, son appel. Elle l’accueille par un «vous n’y comprenez rien, n’est ce pas.» gentil et résigné. Puis elle va récupérer près du fax les documents «modèles» et elle va s’efforcer de déchiffrer la commande avec lui. Tous deux savent qu’il faudra certainement refaire plusieurs fois la maquette parce que personne au monde n’est capable de comprendre ces notes. La non-clarté absolue de ce modèle de travail à faire, est devenu le problème du maquettiste, du fournisseur. Il est payé pour ça. Pas suffisamment sûrement mais il fallait y penser au moment de la négociation du contrat. Le document est blindé de noms compliqués de parfums, de crèmes, de spray, de pommades… Les marchands d’eau de Cologne ont besoin d’un très grand choix de produits très chers au noms extravagants et à la composition extrêmement complexe pour masquer la vacuité de leur commerce. Les marchands d’eau de Cologne se considèrent comme l’aristocratie des marchands n’ayant que mépris pour les inférieurs et les fournisseurs.
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Le grand-père

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Il était phlébologue à Saint-Germain-en-Laye. Tirer les varices des mémères friquées, c’était comme ça qu’il entendait la médecine. Ses parents possédaient la plupart des boutiques à «bondieuserie» de Lourdes. Il est donc né héritier d’abord. Il a toujours considéré toutes autres pratiques de la médecine comme le ratage plus ou moins romantique d’une carrière. C’est suffisamment difficile de faire sa médecine - des années de bachotage intense pendant les jeunes années de sa vie - pour ne pas en profiter après. «Faut vraiment être con !». Médecin hospitalier ou médecin généraliste dans les banlieues pauvres ! Et pourquoi pas médecin de campagne ! Lui a commencé par accumuler un bon petit paquet, il a monté sa clinique puis il a hérité. Il a acheté un domaine dans les Causses, fait creuser une piscine. En avion, il fait la navette entre son domaine et la banlieue riche de Paris. Divorcé depuis longtemps, il a eu plusieurs maîtresses, n’a bu et mangé que des choses riches et fortes, a subi un triple pontage et a des prétentions à enseigner sa sagesse et sa philosophie à la jeune génération tout en essayant de l’entuber dans les grandes largeurs. Que voulez-vous ? C’est sa vie, tant qu’il pourra niquer les gens, profiter d’eux au maximum, il se sentira vivant.
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La grand-mère

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Elle est, d’après ce qu’elle dit, fabricante de bijoux. Elle se promène toujours avec un affreux teckel obsédé et puceau. Tout vieux. Elle aussi. Il s’appelle, évidemment, «Bijou». Dans ce quartier chic, elle cherche à vendre des machins immondes qu’on pourrait croire fabriqués à la hâte par des esclaves handicapés du Tiers-monde. Elle a toujours besoin d’éditer des invitations à des séances de contemplation et d’achat de ses bijoux, très chers, de métal et de plastique. Elles s’adressent à des bourgeoises oisives, comme elle. Mais du même monde. Les invitations se doivent d’être «originales», gaies, modernes, de bon goût.
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