O
«Les
combats
d’Abatkrra»
Origines
plus anciennes encore, ces descriptions
mentionnées,
principalement, dans les travaux de Georges-Auguste Dugrosimon et de
Jeannot Letrou-Grumeau, érudits de haute
réputation.
Au XV°
siècle, dans le village,
aujourd’hui disparu,
de «Abatkackerrckerr» appelé ensuite
«Abatkrrackerrckerr», puis
«Akatbrrackerrckerr»
origine sans doute du nom actuel du village de
«Brouckerque», situé, à peu
près au
même emplacement, au sud de Dunkerque, était
célébrée chaque année,
à
l’époque des vendanges, à la fin de
l’été, quand le soleil était
encore
clément et quand la vigne poussait encore dans cette
région, la fête plutôt pittoresque dites
du
«Rtourrnomanèche».
Les
habitants de Abatkackerrckerr, sous domination bourguignonne
à cette époque, se considéraient comme
les
descendants et les héritiers d’Abaqa, ou Abatka
Abaqa, ou
Abatka (mongol avga
: oncle paternel), fils de
Hülegü, lui même fils de Tului,
quatrième fils
de Gengis Khan. Né en 1234,
deuxième ilkhan de Perse de 1265
à sa
mort (théorique) en 1282. Il régna sur une grande
partie
de la Perse vers la fin du XIII° siècle et garantit
ses
états de l’invasion des Tatars septentrionaux. Son
frère Ahmad Teküder lui succéda.
«Abatkackerrckerr»
signifiant, en persan-mongol,
«la
cité céleste d’Abatka», le
«Rtourrnomanèche» était un
évènement commémorant avec
éclat cette
filiation supposée.
Cette cérémonie,
bouddhiste à l’origine,
mentionnée aussi, et détaillée dans
les ouvrages
fameux de Gérard Calqué du Tromblon et de
Geneviette de
Branque, consistait en un jeu
réclamant une très bonne condition physique. Les
candidats étaient choisis parmi les célibataires
des deux
sexes par un jury composé des doyens du village. Les trois
plus
vieux et les trois plus vieilles. Ceux ci, pour les
sélectionner, pouvaient leur faire passer, en public ou
secrètement, toutes les épreuves qu’ils
estimaient
nécessaires.
|
Une vaste
machine assez complexe, était montée en
permanence sur la place du village : en premier lieu, un
plateau circulaire et tournant,de vingt mètres de
diamètre, hippotracté grâce
à un habile
montage, par deux chevaux de trait (planche 727)g; au centre, un mat de quinze
mètres ; des poteaux de bois disposés
verticalement et
à espaces réguliers sur toute la
circonférence de
ce plateauo; trois gigantesques anneaux superposés, faits
d’osier tressé, encerclant de façon
rigide ces
poteaux. |
Sur ces anneaux, une série de leviers, dressant ou
abaissant des petits drapeaux brodés des symboles reproduits
sur la (planche 885), à la
périphérie de
l’engin ;
Un toit couvrait le tout (planche 4022).

|
Du bord de ce toit, partaient «en étoile», des barres
de bois
d’environ deux mètres.
À ces
barres étaient suspendues cent-huit outres.
C’est à dire
six fois dix-huit outres, garnies de
clochettes et de grelots, certaines reliée à des
pétards... |
|
Et remplies des dix-huit contenus traditionnels
suivants
:
bière
glacée
et crottes de
mouton |
crème
fraîche
et poussins
vivants |
«colle
de peau»
brûlante |
harengs
et calamars |
mou
de vin
et urine |
pétales
de roses
et lisier |
plumes
de pintade
ou nids de
guêpes |
poils
de chiens
ou méduses |
eau
de vie
ou poids en
fonte |
teinture
bleue
ou chaux vive |
sang
de cochon
ou couteaux |
duvet
de cygne
ou vipères
vivantes |
fromage
et
intestins de
chèvre |
lait
chaud
sucré
au miel |
pommes
de pin
et farine
d’avoine |
sciure
de bois
et crachats |
teinture
jaune
et eau
savonneuse |
rognures
d’ongles
et hydromel |
Ce monument,
central dans la vie de cette communauté avait
été fièrement baptisé :
«Les combats
d’Abatka» puis «Les combats
d’Abatkrra»,
la dénomination de ce jeu suivant la même
évolution
que le nom du village même (le parlé de
l’époque ayant de fortes tendances à
rajouter des
doubles «r» un peu partout dans la langue
parlée ou
écrite).
Des volets,
fixés à chaque colonne, permettaient
d’occulter totalement l’intérieur de ce
manège. Autour du plateau était
creusée une
tranchée, fosse à purin circulaire de deux
mètres
de profondeur. Ce fossé à purin était
recouvert
par un plancher amovible formé de dix-huit parties
indépendantes sur lesquelles étaient
fixées
dix-huit chaises.
Dix-huit
femmes et dix-huit hommes étaient choisis.
C’était
un immense honneur de participer au jeu du
«Rtourrnomanèche» sur «Les
combats
d’Abatkrra». Cela marquait toute une vie.
Être
déclaré vainqueur de
l’épreuve
représentait la gloire infinie pour soi et pour sa
descendance
Pour commencer
les dix-huit hommes étaient assis sur les
dix-huit chaises. Il devaient tous garder un galet, d’environ
quatre centimètres de diamètre, dans leur
bouches,
pendant toute cette première partie du jeu et rester
immobiles.
Si un homme tombait ou se levait avant la fin de
l’épreuve, ou s’il laissait juste
échapper
son galet, il était immédiatement
disqualifiés. Il
devenait la risée et le souffre-douleur des autres
villageois.
Il devait resté habillé d’un sac de
toile sale
pendant le quarante jours suivants, était marqué
au front
de la marque de l’infamie :
un étron
frappé
d’une étoile (planche 156A).
L’encre du
tampon
utilisé était très solide, presque
indélébile. Et elle restait très
visible, au moins
pendant les quarante jours. |
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|
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Dans les périodes plus
«intégriste» de ce culte,
ces marques
étaient
faites au fer rouge
(planche 156B). |
Tout d'abord, es femmes
montaient sur «Les combats
d’Abatkrra»
qui était mis en rotation.
À
l’aide d’une perche
prolongée
d’une
serpette,
d’une lancette ou d’autres objets
tranchants
(planche 709), |
 |
elles frappaient
les outres
suspendues au toit et les
crevaient,
sans savoir,
au départ,
ce qu’elles
contenaient. |
Le son des clochettes, des pétards et des
grelots,
ponctuait les explosions des outres. Certaines des perches
étaient
conçues pour
déchirer les outres, d’autres servaient
à renverser
les chaises. Il y avait sept perches. Elle portaient toutes un nom
traditionnel, sans doute issu du persan-mongol. Celles à
pointes
métalliques, faites pour perforer, étaient au
nombre de
cinq. Il y avait «al raysul cotay», «eul
ouveurboît», «al sicépap
ahredvan
cékanteurvin», «al
bôteudfoin»,
«al toudrot picémar». Les deux autres,
à
l’extrémité rembourrée, pour
renverser les
chaises, portaient les noms de «eul dégach
eudlato»
et «eul tébométécon
pitudégach
eudla». L’utilisation de chaque perche
était
chargée de sens, réglementée par des
codes
très rigoureux. Geneviette de Branque a retrouvé
ces noms
et les a retranscrits en phonétique.
Leur contenu
recouvraient les hommes et finissait par les rendre
méconnaissables. Les femmes qui couraient en riant sur le
plateau tournant, se précipitant d’un bord
à
l’autre, pour frapper une nouvelle «outre
surprise»
bousculaient délibérément ou pas, des
casseroles,
des poêles à frire et des piles de vaisselles de
toutes
sortes empilées dans des équilibres
précaires et
placés là pour animer un peu, par des sons
variés,
l’action générale. Des poules et des
cochons,
terrifiés par les mouvements du sol où ils
évoluaient, les cris, le vacarme des gamelles et de la
vaisselle
cassée, tentaient de fuir en tous sens et
complétaient
par leurs hurlements terrorisés l’ensemble
harmonique.
Toutes les
outres devaient être crevées. La
crevaison de
toutes, marquait la fin de la première partie du jeu.
Les mélanges ou
matériaux enfermés
dans les outres
étaient considérés comme
sacrés. Il
s’agissait de rappeler les dix-huit combats que mena Abatka
contre un sorcier chaman de Mongolie inférieure du nom de
Wipidékia, connu aussi sous le nom du «faux ilkhan
de
Perse». Wipidékia pris le pouvoir par la force et
envoya
avec des catapultes sur la maison d’Abatka et de sa famille,
ces
dix huit substances ou mélanges de substances,
considérées comme magiques et mortelles. Abatka
réussit à substituer en partie, uniquement par
les
puissances de l’esprit et de la méditation, des
produits
inoffensifs à certaines des réserves de
matières
corrosives de son ennemi. Dans la «table des
matières» ou «table des
matériaux»
reproduit plus haut, il s’agit des cinq cases où
apparaît un «ou». Certaines outres (six
pour
dix-huit, sur un total de cent huit, soit trente outres) contenaient
soit l’une soit l’autre de ces produits, au hasard.
Les
années clémentes, il n’y avait
qu’un nombre
raisonnable de blessés.
Selon la
légende abatkackerrckerrienne, le «vrai
ilkhan de
Perse» survécut aux «dix-huit
malédictions
d’Abatka» et finit par faire fuir
Wipidékia et son
armée vers l’ouest, laissant la régence
à
son frère, Ahmad Teküder. Accompagné de
quelques
braves, il le poursuivit et le combattit pendant dix-huit
années. La dernière bataille, décisive
et
définitive, eu lieu dans le nord de la France, où
Abatka
et ses guerriers des deux sexes, épuisés,
décidèrent de s’installer.
Pour la
deuxième partie du jeu, une fois les hommes
recouverts
du contenu des outres et rendu méconnaissables,
«Les
combats d’Abatka» s’arrêtait de
tourner. Chaque
femme posait aux hommes des questions simples concernant des projets de
vie en couple, du genre : «Pour toi, pour être
considéré comme propre, il faut prendre deux
bains par
mois, un bain par mois, un bain tout les six mois ?...»,
«Combien d’amants ta femme pourrait elle avoir
avant que tu
ne te fâche vraiment ? Deux, cinq ou dix...» ?
Gardes tu
tes bottes pour te mettre au lit ?...». La voix des hommes
était travestie par le galet. Selon les réponses
obtenues, à des moments divers, elles en choisissaient
certains
à précipiter dans le fossé
méthode
des
chaises basculantes

(planche 708A) |

(planche 708B) |

(planche 842A) |

(planche 842B) |
Ceux ci
avaient, bien entendu, perdu.
Les trois
derniers hommes à rester sur les chaises
étaient les gagnants.
Les trois
vainqueurs montaient alors sur le manège.
Sans que ces
trois hommes ne puissent les voir, les femmes
étaient recouvertes intégralement d’un
grand sac et
assises sur les chaises, les mains liées dans le dos. Elles
devaient mordre de l’intérieur le sac qui les
recouvrait
et retenir ainsi, une petite barre de bois. Ainsi, ni leur voix, ni
leur silhouette ne pouvaient être reconnues, comme pour les
hommes auparavant. Bien sûr, elles subissaient le
même sort
que les garçons si par malheur elles tombaient, se levaient
ou
laissaient s’échapper le morceau de bois.
Chacun leur
tour, les hommes posaient une question à la
première des femmes. («Est-ce que tu accepterais
une
chèvre dans le lit conjugal ?», «Ou un
poule
?», «ou un canard ?»,
«Préfères
tu le gras-double ou le fromage de tête ?»,
«L’alcool de grain ou l’alcool de fruit
?»...)
Plus d’une mauvaises réponses sur trois,
précipitaient la malheureuse dans la fosse, et ainsi de
suite,
jusqu’à ce qu’il n’en reste
que trois.
Enfermées dans des sacs, étouffées par
lui, les
mains liées, il y avait parfois des accidents ; mais les
abatkackerrckerriennes étaient de solides bougresses !
Les trois gagnants et les trois
gagnantes se déshabillaient
et
montaient nus sur le manège. Ils y restaient quarante jours
et
quarante nuit. Ils pouvaient faire absolument tout ce qu’ils
désiraient. Ils étaient
libérés, pendant
ces jours, de tous les tabous et interdits moraux.
C’était
leur récompense. Une litière de paille et de
duvet
d’oie était disposée au sol et
changée
chaque jour. Avant de remettre chaque nouvelle litière, le
manège et ses occupants étaient passés
au jet
d’eau chaude et parfumée chaque jour
également. Des
édredons, des plats raffinés, des vins, des
sirops, des
bières, des alcools, des drogues orientales, le tout
à
volonté, étaient mis à leur
disposition. Vingt-six
musiciens restaient près du manège 24 heures sur
24 : une
fanfare composée de cinq trompes diverses, quatre cornemuses
et
trois grosses caisses ; un ensemble formé d’un
accordéon et de deux tambours ; une chorale de huit
chanteurs
accompagné par un harmonium ; un duo formé
d’un
guitariste et d’un violoniste, chanteurs tous deux. En levant
et
en abaissant des leviers reliés à des petits drapeaux,les occupants du manège
signalaient
l’allure générale et les musiques
souhaitées.
Ils pouvaient,
selon leurs désirs,
masquer ou
pas leurs actes dans le manège. Certaines années,
rares
heureusement, les vainqueurs énervés,
décidaient
de se battre. Il y avait pourtant, plus amusant à faire ! Il
est
arrivé qu’un des gagnants ou qu’une des
gagnantes,
particulièrement fort physiquement, agressif et ayant un peu
perdu la raison, parvienne à massacrer tous les autres. Les
abatkackerrckerriens n’intervenaient pas,
c’était la
règle, c’était le jeu...
Mais, le plus
souvent, bien heureusement, les «quarante
magiques» se passait en débauches sexuelles
diverses, en
abus culinaires et toxicologiques, en orgie bon enfant.
Un bas relief
paléolithique mis à jour en Italie
du sud,
s’est révélé assez
troublant. Il est
constitué essentiellement de plusieurs
représentations
anthropomorphiques géométriques. Ces
représentations sont très courantes à
cette
époque, et souvent rencontrées. Mais un autre
graphisme
est visible. Celui ci est resté très
mystérieux
jusqu’aux recoupements faits par Gérard
Calqué du
Tromblon avec ses propres travaux.
 |
Il présente de
troublantes
analogies avec le symbole abatkackerrckerrien dit de «la
fourche
et du chapelet de saucisses» présent sur un des
drapeaux
du «Rtourrnomanèche». Il signifie :
«charivari» (tous les musiciens doivent jouer
ensembles). Ce symbole, pourtant complexe, serait donc connu et utilisé
depuis des temps plus anciens encore ! Avait il la même
signification ? Ces représentations de nombreuses formes
humaines (planche 6397)
montrent elles une
«chorale», un
«orchestre» ?!... |
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